Le
projet se déroule dans la région de Combapata, à 110 kms
de Cusco, l'ancienne capitale de l'Empire Inca.
Combapata se trouve sur la route qui relie Cusco
au lac Titicaca. La ville est située au confluent de la
rivière Vilcanota (qui, après avoir traversé la Vallée sacrée des Incas, se
jette, plus au nord, dans le fleuve Amazone) et le rio
Salcca (en face, sur la photo)
où le gouvernement veut construire une usine
hydroélectrique, ce qui suscite la colère de la
population.
Le
projet se déroule dans dix communautés réparties tout
autour de Combapata, dans les vallées des rio Vilcanota,
Sallcca et Pitumarca, et sur le plateau de Mosocllacta
qui surplombe la vallée du Vilcanota.
La région de Combapata comprend une
soixantaine de communautés paysannes, vivant entre 3600 et 4200 m d’altitude et
regroupant de 50 à 200 familles.
Une famille paysanne moyenne comprend 7 à 8
personnes. Elle dispose d’un revenu de 25 à 30 euros par mois,
résultant de la vente des quelques surplus (maïs, pommes de terre,
œufs, cochons d’inde) tirés d’une maigre production. Ce revenu
permet d’acheter les produits de base indispensables : riz, huile,
sel, sucre, etc.
L’habitat est très rudimentaire, souvent constitué d’une pièce
unique construite en adobe (pisé). La cuisine traditionnelle
occupe généralement un coin de la pièce. Elle est constituée de
quelques adobes sommairement assemblés et ne possède pas de
cheminée. Le rendement du four est catastrophique et la pièce est
très enfumée. Les murs sont noirs de suie.
La
femme paysanne
travaille au minimum 4 heures par jour à la cuisine (de 6h à 8h le
matin et de 16h à 18h le soir), le plus souvent accroupie.
De 8h à 16h,
elle est à la campagne pour garder le troupeau ou aider
son mari qui travaille la terre.
Elle profite aussi de cette période de la journée pour
ramasser le combustible qui servira à faire le feu:
bouses de vaches (qui sont en fait, très souvent,
des taureaux moins gourmands en herbe), fanes de maïs et brindilles de bois.
L'eucalyptus est une denrée rare et chère dans
cette région: il n'est donc utilisé qu'en tout dernier
ressort, quand il n'y a rien d'autres à brûler.
Notre
objectif principal est l'amélioration des conditions de vie
quotidienne et de la santé de la population, particulièrement
celle des mères et des enfants.
Sur la
proposition du docteur Jose Miguel RUEDA,
nous avons choisi comme thème d'intervention "l'amélioration
de l'habitat",
en commençant par la cuisine où la femme paysanne passe beaucoup de
temps, dans des conditions très pénibles, génératrices de maladies
respiratoires, oculaires et lombaires.
Après avoir
construit , entre 2006 et 2007,
douze "cuisines
améliorées collectives"
dans les écoles et les cantines villageoises (comedor popular), nous
nous sommes fixés un nouvel objectif :
1000 "cuisines
améliorées familiales"
installées dans la région de Combapata
d'ici fin 2013.
Pour qu'une
famille puisse bénéficier d'une "cuisine améliorée" , elle doit
satisfaire plusieurs critères:
- disposer de sanitaires (secs ou humides)
- aménager un potager ( bio huerto) pour
produire des légumes et des plantes médicinales
- ravaler les murs extérieurs et intérieurs de la
cuisine
- fournir les matériaux de base (adobes, argile,
tige de fer, etc.) et la main d'oeuvre
Cet objectif ne
peut être atteint sans l'implication des familles, mais aussi des
autorités municipales. Celles-ci ont mis
en place des programmes d'équipement des maisons en éviers et en
toilettes. Le projet ALPACA
vient compléter le dispositif en incitant les familles à rénover
complètement leur habitation.
Le chef de
projet est le docteur
Jose Miguel RUEDA PANTIGOZO.
Son engagement dans le projet est totalement bénévole.
Le
technicien en charge des opérations sur le terrain est
Leonardo CCOLLANA CAMANI.
Il
est la seule personne rémunérée du projet.
Chaque communauté a mis en place un "Comité pour les
cuisines améliorées" avec un(e) président(e), un(e)
vice-président(e), un(e) trésorier(e) et un(e) "vocal"
(porte parole). Le rôle de ce comité est de faire la
liaison entre les responsables ALPACA et la communauté.
Il établit la liste des familles bénéficiaires et veille
au bon déroulement des opérations.
Dans
chaque communauté, une ou deux personnes ont été
choisies comme "promoteurs" pour apprendre à construire
des cuisines et transmettre leur savoir faire aux autres
membres de la communauté.
Des "convenios"
(conventions) ont été mises en place entre l'association
ALPACA et les municipalités de district concernées par
le projet.
Entre mi 2006
et mi 2007, 12 "cuisines améliorées collectives" ont été construites
dans 10 communautés pilotes.
Suite à
l'évaluation conduite en mai 2007, il a été décidé de construire
1000 cuisines améliorées dans la région de Combapata.
L'arrivée des
cuisines améliorées s'accompagne d'une rénovation complète de la
maison ( toilettes, décoration, jardin potager) et certaines
réalisations sont vraiment remarquables.
Fin 2013, nous
avons atteint le chiffre de 999 réalisations. La 1000ème cuisine a
été construire à l'Institut d' Education (Ecole primaire) de la
communauté de Palccoyo, située à 4200m d'altitude.
En 2014, le
projet ALPACA a continué et nous avons atteint un total de 1100
cuisines améliorées construites.